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L’homme antagoniste - recension de Jean Moreau.

1/ L’homme antagoniste - Recension de Jean Moreau, In Révolution Prolétarienne, juin 2016, p. 24

On sait la collaboration précieuse de notre ami Jacques Demorgon à notre revue. Un thème – l’idée laïque – au delà de la richesse des sujets abordés – donne son sens profond à l’ouvrage. Les connaissances concernant l’univers, l’histoire même d’Homo Sapiens, nous ont préoccupés – d’une manière ou d’une autre) sans doute depuis toujours. Il apparaît qu’elles soient de deux sortes :

-l’une souhaite reposer sur l’esprit de libre examen. C’est celle du paysan, du navigateur, de l’astronome et, un peu plus tard, du savant dont les hypothèses sont toujours renouvelables : pour Ptolémée, le Soleil tourne de la Terre. Pour Aristarque de Samos et Copernic plus tard, c’est le contraire. Mais, dans l’ensemble, les savoirs « objectifs » même aujourd’hui, sont encore dispersés.
Jean Rostand notait naguère que, sur les grands problèmes, il n’avait pas trouvé de réponses. Ce qu’il savait n’était rien à côté de ce qu’il ignorait.

-« L’autre pente » écrit Jacques Demorgon résulte « de révélations supposées supérieures ». Les croyances, souvent religieuses, nous donnent certes des visions d’ensemble, mais, en même temps « dressent les hommes les uns contre les autres jusqu’aux monstreux meurtres de masse » ou les violences extrêmes – individuelles ou collectives – que nous connaissons depuis quelques années dont le but est d’organiser la terreur.

Jacques Demorgon refuse les fanatismes, discerne les dynamiques qui favorisent le Progrès scientifique. Parfois, pour le meilleur ou pour le pire. C’est que l’Histoire, comme la Nature, et antagoniste. Le philosophe rappelle que la vie est adaptation, comme l’avait montré le grand psychopédagogue Henri Wallon. Pensée d’ailleurs déjà exprimée par Héraclite quand il affirmait que l’homme ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve » et par le Chinois Zong Yong, quatre siècles avant Jésus-Christ. Dans une langue claire, élégante, accessible à tous, l’auteur démontre que les cultures sont au croisement des antagonismes. Il préconise une démarche pour dépasser ceux-ci. AU demeurant, sur le plan professionnel, tout professeur soucieux de la bonne marche de sa classe la connaît. Il s’agit toujours de refuser la morale binaire (parents ou élèves, vous êtes mes adversaires parce que différents de moi. L’attitude inverse existe aussi…).
EN réalité, il s’agit toujours de comprendre que cette différence, à condition qu’elle ne soit pas figée, peut nous enrichir. Chacun est la somme de plusieurs identités en devenir. La rencontre interculturelle s’apprend, qu’elle s’opère entre le Provençal et le Chti’, le Dogon et le Norvégien. L’empathie y a sa part nécessaire mais aussi l’exercice d’une science du caché – d’une herméneutique – elle exige des savoir. L’interculturel ainsi conçu, qui n’est jamais une idéologie, s’appelle la laïcité. Nos camarades se doivent de lire les pages consacrées à celle-ci, imaginée comme « un véritable universalisant humain (…) toutes ces analyses nous permettent de comprendre que la laïcité – celle de Jaurès et de Briand – dispose d’un immense domaine de développement, indispensable à l’humanisation des Hommes ». Encore s’agit-il de l’explorer et d’en inventer les modalités.

Un livre superbe. Jean Moreau.

Jacques Demorgon, écrivain - mentions légales - réal. o multimedia