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L’homme antagoniste –recension de Nelly Carpentier.
2°/ L’homme antagoniste - Recension de Nelly Carpentier, à paraître La recension d’un ouvrage de 420 pages intitulé L’homme antagoniste est pour le moins une tâche risquée. Doit-on partir du titre ? Sans doute. Pur la plupart des lecteurs, il signifiera que que les êtres humains peuvent s’opposer à l’extrême de façon irréductible pouvant même les conduire à vouloir détruire l’autre. Ce sera l’interprétation la plus courante d’autant que la Une de Couverture présente l’image que Michel Granger a produite pour un timbre commandé par l’O.N.U. en 2004. Une forme humaine noire et rouge est structurée colonne vertébrale, cœur à gauche, œil et bouche par une kalachnikov. Tout autour en plusieurs langues « des armes, pas des livres ». Merci au peintre car aussitôt l’affaire se complique car ce sont bien les humains qui font aussi bien des armes que des livres. En ce sens, L’homme antagoniste risque d’être tout humain écartelé entre l’arme et le livre. Mais alors pourquoi plus de 400 pages ? C’est que l’auteur mène l’enquête en cinq temps. Premier temps : l’histoire est antagoniste. N’est-elle pas faite d’une suite impressionnante de massacres. En même temps, n’affiche-t-elle pas quantité de miracles, esthétiques, techniques, scientifiques, éthiques aussi. Dans ce premier temps, se cache un secret celui que le physicien suisse Cosandey cherche pour expliquer l’avènement de l’Occident. Toutefois, scrupuleux, il explore l’histoire planétaire. Une surprise de taille : les découvertes scientifiques et les inventions techniques semblent profiter de certaines situations guerrières. Pas n’importe lesquelles. Il y faut certes des pays en rivalités mais qui maintiennent celles-ci un certain temps avant que l’un l’emporte. Cela permet à des chercheurs dans les deux camps de rivaliser eux aussi. L’antagonisme prend donc ici un autre visage. Il stimule l’apparition de miracles. Impossible si la violence est telle qu’elle l’emporte partout destructrice. Deuxième temps de l’enquête. Rien moins que l’univers ! L’exploration des galaxies jusqu’au monde du vivant met en évidence une pléthore d’antagonismes. Nous laissons le lecteur les découvrir grâce à la cosmologie, à la physique quantique, à l’écologie et à quantités de régulations biologiques dont certaines sont suffisamment spectaculaires pour être connues de tous ou presque : caméléonismes, complémentarités animales, symbioses et métamorphoses. On pourrait presque parler de jeux dans l’antagonisme. Troisième temps. Si l’histoire et la nature sont antagonistes, la culture à son tour l’est tout entière. L’auteur en donne des exemples tous azimuts : en logique, en mathématique, au cœur du langage, dans le jeu, l’art, le sport, en littérature, en sciences humaines, en philosophie. Quatrième temps : l’enquête change de domaine et de direction. Il ne s’agit plus seulement de reconnaître la présence étendue et profonde des antagonismes. Il faudrait découvrir pourquoi plus particulièrement l’humain est ainsi. Ce serait un peu court de répondre simplement que si la nature et la vie sont antagonistes, l’homme l’est nécessairement. Certes ! Mais qu’il le soit à ce point demande une explication. Le lecteur découvrira l’anthropologie de la néoténie. Avec l’être humain, même si elle prépare cela, la nature franchit un seuil en ne le programmant que le moins possible. Dès lors, c’est à lui d’opérer. Ses programmes de conduites, il devra les faire lui-même en s’adaptant à tout ce qui l’entoure. Dans ces conditions, il a en quelque sorte vocation à l’infini ! Certains sont séduits, d’autres sont effrayés. Chacun est un peu des deux et nombreux sont ceux qui finissent par prendre parti pour un absolu religieux, politique, économique, auquel ils croient plus que tout et c’est là que les choses se gâtent car ces absolus sont incompatibles. Pour les revendiquer, les défendre, les imposer, les hommes s’entretuent. Plus d’antagonismes ! Une partie des humains l’emportent soumettant l’autre voire la détruisant. Mais si l’antagonisme est encore là, entre l’absolu et l’infini, la régulation est jouable mais qui s’en soucie ? Alors cinquième temps : l’avenir antagoniste ! Là vraiment, il faut lire et relire ! En tout cas, quelques formules se détachent comme « Vivre et penser le Tout Monde » ou « Trancher, dénouer le nœud gordien de la violence » Ce sont les deux derniers chapitres. Avant, on s’était interrogé sur la possibilité qu’une laïcité constitue peut être une ressource encore à découvrir ! Nelly Carpentier |
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Jacques Demorgon, écrivain - mentions légales - réal. o multimedia |